“Personne n’a avalé le ‘Pacte climat de Glasgow’ le sourire aux lèvres, samedi soir, lorsque s’est abattu le marteau de la présidence britannique de la COP26, résume Le Soir.

Après deux semaines de négociations éprouvantes, les représentants des 196 pays participants ont fini par accepter un “pâle compromis”, “jugeant sans doute qu’il contenait plus de points positifs que l’inverse, mais surtout que des progrès – même faibles – devaient être impérativement engrangés”, analyse le quotidien belge.

Sur le point crucial de la limitation des températures, le texte appelle les États membres à relever leurs engagements de réductions plus régulièrement que prévu dans l’accord de Paris, et ce dès 2022, mais avec la possibilité d’aménagements pour “circonstances nationales particulières”. Un point qui a suscité les critiques des ONG sur les ambitions réelles du texte.

L’accord n’assure d’ailleurs pas le respect des objectifs de l’accord de Paris de 2016 à savoir de limiter le réchauffement “bien en deçà” de 2 °C et si possible à 1,5 °C. Il se contente d’offrir des perspectives permettant à la présidence britannique d’afficher un succès sur son objectif de voir Glasgow “garder 1,5 en vie”.

Des engagements “bien en deçà de ceux requis pour limiter les températures à 1,5 °C”

“Les engagements pris lors de ce sommet concernant la réduction des émissions sont bien en deçà de ceux requis pour limiter les températures à 1,5 °C”, remarque le Guardian. À ce jour, ils ne limiteraient le réchauffement qu’à 2,4 °C, précise la BBC.

Tous les pays ont accepté de revenir à la table des négociations l’année prochaine, lors d’une conférence en Égypte, et de réexaminer leurs plans nationaux, en vue d’accroître leurs ambitions en matière de réductions des émissions”, explique le Guardian. Mais il s’agira d’un “processus ardu car certains pays affirment qu’ils font déjà tout leur possible”.

“Le succès ou l’échec du nouvel accord dépendra de la volonté des dirigeants mondiaux à mettre en place de nouvelles politiques pour réduire les émissions de gaz à effet de serre”, conclut le New York Times.

Un appel inédit à réduire le recours au charbon

Fait inédit, le texte publié samedi appelle à réduire l’utilisation du charbon et les aides publiques accordées par de nombreux pays au pétrole, au charbon et au gaz, ce qu’aucune des conférences précédentes n’avait réussi à inscrire dans un accord final. Une version ultérieure du pacte appelait même initialement à “supprimer” l’utilisation du charbon. Mais le texte a “été édulcoré à la dernière minute”, remarque le quotidien écossais The Scotsman. L’Inde, très dépendante du charbon, a opposé des objections en proposant de remplacer le verbe “supprimer” (“phase out” en anglais) par “réduire” (“phase down”).

Avant d’entériner d’un coup de marteau l’adoption du texte, le président britannique de la COP26, Alok Sharma, s’est dit “profondément désolé” pour ce dénouement. “Il a refoulé ses larmes sur scène et a dû interrompre brièvement son discours”, raconte Die Welt.

Les pays pauvres “ont de quoi repartir de Glasgow frustrés”

Enfin, le dossier de l’aide aux pays pauvres n’a pas trouvé de résolution. Ces États, les moins responsables du réchauffement mais en première ligne face à ses impacts, demandaient un financement spécifique des “pertes et préjudices” qu’ils subissent déjà. Mais les pays développés, au premier rang desquels les États-Unis, qui redoutent de possibles conséquences juridiques, s’y sont fermement opposés.

“Les pays insulaires et les plus vulnérables ont de quoi repartir de Glasgow frustrés, même s’ils n’ont pas osé s’opposer au consensus et risquer un échec de la conférence”, note Le Temps qui regrette que samedi, la COP26 ait largement choisi de remettre “les décisions douloureuses à plus tard”.